27.

Confidences inattendues

Balthazar tenait une lourde canne dans les mains.

Tobias était bien trop près pour sortir l’arc.

Ambre leva les mains devant elle en signe d’excuses :

— Nous sommes vraiment navrés, monsieur Balthazar, nous vous aurions laissé un mot si nous avions pris quelque chose, pour vous expliquer et vous présenter nos excuses…

— Vous ne vous êtes pas déclarés au Ministère, lança-t-il, vous êtes des criminels !

Tobias posa une main sur le manche de son couteau de chasse, sous son manteau.

— Nous allons le faire ! mentit Ambre. Nous avons juste peur des réactions, laissez-nous un peu de temps !

— Pour que vous cambrioliez ma boutique ? s’énerva le vieil homme.

— C’était pour dormir ! Nous cherchons un endroit à l’abri de l’humidité !

Les mâchoires de Balthazar roulèrent sous ses joues. Ses yeux de serpent étaient effrayants, énormes, ils passaient d’Ambre à Tobias à toute vitesse.

— Vous me mentez, jeune fille, dit-il plus bas. Mais je vais vous laisser une chance de me dire la vérité, toute la vérité. Et alors, nous verrons ce que je ferai de vous.

 

Ambre et Tobias étaient assis dans l’arrière-boutique, à une table usée, un bol de lait chaud devant eux. Si Balthazar était en colère contre eux, il était au moins attentionné. Son visage avait repris aspect humain et il se tenait à l’autre bout de la table, dans un gros fauteuil matelassé, les fixant.

— Alors ? dit-il lorsqu’ils eurent trempé leurs lèvres dans le lait chaud.

Ambre et Tobias échangèrent un regard furtif, embarrassé.

— Nous avons un ami qui est ici, commença Ambre sous le regard stupéfait de Tobias. Il a été fait prisonnier par les soldats de la Reine et il va être emporté loin de nous. C’est notre ami, et il n’a rien fait !

— Si la Reine le veut, alors soyez certains qu’elle a une bonne raison ! répliqua Balthazar.

— Vous allez nous dénoncer ! déplora Tobias d’un ton accablé.

— Pourquoi le ferais-je ?

Ce n’était pas la réponse qu’attendait Tobias, il se redressa un peu sur sa chaise.

— Parce que… vous êtes un Cynik ?

— Un Cynik ? C’est ainsi que vous nous appelez dans le Nord ? Des Cyniks ! Ah !

Et Balthazar se mit à rire bruyamment avant de se reprendre.

Ambre et Tobias ne savaient plus comment réagir, ils ne comprenaient pas qui était en face d’eux.

Il dégageait une malice particulière que les Cyniks n’avaient jamais manifestée jusqu’à présent. Et comme pour le confirmer il enchaîna :

— Vos parents à tous étaient-ils à ce point indifférents pour que vous ayez une si mauvaise image des adultes ? Cela dit, je ne peux vous en blâmer… quand on constate le manque de curiosité intellectuelle dont ils font preuve désormais ! Ils ne lisent pas ! Sauf les conseillers spirituels et leurs bibles… Malgré tous les ouvrages riches de savoirs qui sont à notre disposition, personne ne les ouvre ! Ils sont bien trop obsédés par leur rédemption et par les discours de Malronce !

— S’ils n’ont plus de mémoire et qu’ils ne lisent pas, comment font-ils pour bâtir des villes ou des armes ? s’interrogea Ambre.

— Oh pour ça, nous sommes forts ! Les souvenirs ont disparu, pas les savoir-faire : les maçons, les ferronniers ou tout simplement les bons bricoleurs sont devenus des stars ! Ils ignorent tout de leur identité, de leur vie passée, par contre pour ce qui est de tailler des pierres, ça ne pose pas de problème. C’est une partie très précise de la mémoire qui s’est évaporée !

Soudain, Ambre comprit :

— Vous vous souvenez, n’est-ce pas ? Votre mémoire n’a pas été effacée par la Tempête, pardon, je veux dire par le Cataclysme !

Balthazar se fendit d’un rictus admiratif.

— Jolie et pertinente avec cela ! dit-il.

— Comment est-ce possible ? s’étonna Tobias. Oh ! Je sais ! Vous faites de la magie ! Tout ce qu’on racontait sur vous à New York était donc vrai !

Balthazar rit à nouveau, il en parut presque sympathique.

— J’avais si mauvaise réputation ? s’amusa-t-il. Mes enfants, je vous propose un marché : mon histoire en échange de la vôtre ? Cela vous convient-il ? (Ambre et Tobias acquiescèrent après s’être consultés brièvement.) Très bien. Disons que depuis toujours, je suis un passionné de ce qui est caché. Je suis devenu neurologue bien avant que vos parents ne naissent, pour très vite m’intéresser à cette grande partie du cerveau dont on ne sait pas se servir. Mes recherches m’ont emmené un peu partout dans le monde, j’ai beaucoup travaillé avec des anthropologues auprès de tribus indiennes, chamans d’Amazonie, d’Asie, d’Indonésie et même d’Australie. Figurez-vous qu’en ayant une autre culture, une autre approche de l’existence, certains peuples ont modelé l’usage de leur cerveau autrement, ils ont des perceptions différentes des nôtres ! En définitive, je me suis convaincu qu’il était possible d’utiliser la plasticité de notre cerveau pour en explorer des zones nouvelles, pour en faire un usage différent.

— Alors ce n’est pas de la magie ? dit Tobias, déçu.

— Certainement pas ! L’homme au quotidien n’exploite qu’une infime partie des capacités de son cerveau, ce que j’ai fait consiste à élaborer une gymnastique quotidienne pour améliorer ce rapport. Un peu comme si nous habitions un château mais que nous n’utilisions que les pièces centrales, mes travaux ont consisté à retrouver les portes et les couloirs cachés derrière des meubles et dans des recoins oubliés qui mènent dans d’autres pièces encore plus grandes !

— Et vous êtes capable de lire dans les pensées maintenant ? s’enthousiasma Tobias. Et de voyager avec votre esprit ?

— Non, fit le vieil homme avec un sourire, rien de tout cela. Ma pratique m’a ouvert l’esprit, j’ai acquis une perception différente de mon univers.

— Quoi ? C’est tout ?

Balthazar observa Tobias longuement avant de répondre.

— Ma sensibilité aux gens, aux interactions, et surtout à la nature m’a permis de survivre au Cataclysme ! C’est déjà bien, tu ne crois pas ?

Tobias haussa les épaules, pas tellement convaincu. Soudain, il fronça les sourcils.

— Vous ne dites pas tout ! Vous êtes capable de vous transformer en serpent !

Nouveau sourire du vieil homme.

— À New York, je pouvais créer une forte pression sur tes perceptions pour te le faire croire. L’environnement, la force de l’esprit et du regard…

— Non, non ! protesta Tobias. Je vous ai vu tout à l’heure, ce n’était pas de l’autosuggestion ! C’était pour de vrai ! Vos yeux ! Votre langue !

Balthazar approuva vivement.

— Les choses ont changé avec le Cataclysme, dit-il. J’avais une autre passion, avant, les serpents. Je passais des heures avec eux enroulés autour de mes bras ou de mes jambes. Ils m’aidaient à me concentrer, à percevoir leurs vibrations… Lorsque l’étrange tempête a frappé, cette nuit-là, de grands bouleversements génétiques se sont produits. Au petit matin, non seulement l’ouragan m’avait arraché à ma ville pour me transporter sur des centaines de kilomètres jusqu’ici, mais en plus j’étais… différent. Mes serpents n’étaient plus là. Ils étaient en moi.

— Vous avez… fusionné ? balbutia Ambre.

Le vieil homme hocha la tête.

— C’est dégoûtant ! commenta Tobias sans délicatesse.

— À présent je suis un peu eux et ils sont un peu moi, expliqua Balthazar.

— C’est pour ça que vous n’êtes pas semblable aux autres Cyniks, conclut Ambre.

— C’est à cause de la mémoire, corrigea-t-il. Ils ne savent plus rien de ce qu’ils sont. Ils sont perdus, habités de peurs et de colères que la Reine a su apaiser en leur promettant la rédemption et en pointant du doigt les coupables : vous, les enfants.

— Tout ça parce qu’ils n’ont plus de mémoire ? s’étonna Tobias.

— La mémoire est ton identité, tes valeurs, et la connaissance qu’ils n’ont plus les a transformés en coquilles vides. Malronce n’a eu qu’à les remplir de certitudes rassurantes pour en faire ses marionnettes.

— Vous ne semblez pas d’accord, remarqua Ambre.

— J’ai gardé la connaissance. Je ne suis pas une coquille vide qu’on remplit à loisir pour servir et obéir.

Tobias retrouva un peu d’espoir et lâcha spontanément :

— Alors vous n’allez pas nous dénoncer ?

Balthazar se racla la gorge et s’enfonça dans son siège.

— Si vous ne me mentez plus, je vais y réfléchir. Maintenant c’est à vous de me raconter qui vous êtes.

Ambre commença, sans entrer dans les détails et sans faire mention de l’altération ; elle raconta leur traversée de la Forêt Aveugle et comment ils avaient atterri ici à Babylone. Matt s’était fait capturer sans qu’ils sachent pourquoi. Lorsqu’elle évoqua l’homme en cape rouge, Balthazar se contracta :

— C’est un conseiller spirituel de la Reine, précisa-t-il. Il s’appelle Erik, il est cruel et fanatique. S’il emporte votre ami avec lui jusqu’à Wyrd’Lon-Deis, vous pouvez lui dire adieu dès à présent.

— C’est le royaume de la Reine, n’est-ce pas ? demanda Ambre.

— Malronce a choisi ce nom, c’est là que se trouvent les mines où travaillent les enfants les plus résistants et les mutants. Le ciel est rouge, encombré par la fumée noire des grandes forges qui produisent des armes. Malronce y possède son domaine, on le dit hanté. Là-bas, elle sait qu’elle est en sécurité, personne n’oserait l’approcher.

Ambre se leva :

— Matt ne doit pas partir pour le Sud. Vous n’êtes pas comme eux, je le vois bien, vous devez nous faire confiance, il ne faut pas nous dénoncer, les Cyniks ne feront qu’une bouchée de nous, je vous en prie, ne vous comportez pas comm…

— Du calme ma petite ! Du calme ! Je n’ai jamais eu l’intention de vous livrer en pâture. J’avoue avoir joué un jeu cruel pour mieux vous tirer les vers du nez… Quand vous êtes passés me voir hier, j’ai eu un doute, j’ignorais si vous étiez bien les traîtres que vous affirmiez être ou des rôdeurs suicidaires ! Je vous ai même incités à quitter la ville tant que vous le pouviez encore. Vous n’avez rien à craindre de moi.

Tobias remit son couteau de chasse dans son étui, sous la table. Il s’était préparé à toute éventualité. Balthazar poursuivait :

— Je suis peut-être un adulte, toutefois je m’estime très différent de tous ces moutons crédules.

— Vous pourriez rejoindre les forces Pans, proposa Tobias. Nous aurions bien besoin de quelqu’un de votre trempe.

— J’ai déjà bien assez à faire ici ! Tout ce que je demande c’est qu’on me laisse en paix. Je suis un observateur si tu préfères. Je vais regarder ce que je peux faire pour vous aider à fuir Babylone, en attendant vous pourrez dormir à l’étage.

— Nous ne partirons pas sans Matt, opposa Ambre aussitôt.

— Il est à bord du navire du conseiller, vous ne pouvez plus rien faire.

— Je n’abandonnerai pas. Ne cherchez pas à nous en dissuader, nous sommes l’Alliance des Trois et rien ni personne ne saurait nous séparer !

— Je crois que tu ne comprends pas bien : c’est déjà trop tard. Votre ami est dans les mains d’Erik, et…

— Ne gaspillez plus votre salive, monsieur, le coupa Ambre, déterminée comme jamais. Nous ne laisserons pas Matt derrière nous.

Balthazar était contrarié.

— Vous êtes têtus ! (Il secoua la tête d’un air dépité.) Et quand souhaitez-vous sauter dans la gueule du loup ?

— Cette nuit même, répliqua Ambre. Je n’attendrais pas que le navire appareille. Cette nuit même.

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